La pratique sportive peut-elle révéler la pluralité de nos territoires ?
Une esquisse de réponse à travers l'étude cartographique du recensement des licences sportives par commune.
Quelle occasion plus à propos que ces Jeux Olympiques pour parler sport et territoires ? Pour ce faire, j’ai analysé la superbe base publique de l’Injep (Institut National de la Jeunesse et de l'Éducation Populaire) sur les licences sportives.
Si l’Injep fournit les derniers millésimes sur son site internet, il faut attendre le traitement des adresses des licenciés par l’Insee avant d’accéder à sa version localisée par commune (et même par QPV), mise à disposition sur la plateforme data.gouv.fr.
La dernière version ainsi qualifiée correspond à l’année 2021. Pas nécessairement l’idéal quand on repense au contexte si particulier de cette année post-covid, mais largement suffisant pour la présente entreprise.
Avec une telle base entre les mains, l’idée est de voir s’il existe une logique géographique dans la répartition des licenciés au sein du territoire français. Pour ce faire :
Nous utiliserons h3, le système de grille hexagonale mis en place par Uber. Pour chaque hexagone de notre grille, nous calculerons le ratio de licenciés pour 1000 habitants.
Le tout sera finalement cartographié en utilisant l’algorithme de Fisher Jenks, qui permet de déterminer les limites des clusters en minimisant la variance en leur sein.
Le rugby
Rien de tel qu’un sport avec un fort encrage régional pour en éprouver le principe :
Le basket
Pour d’autres fédérations, la logique géographique apparaît plus difficile à décrypter. Il en est ainsi du basket, pour lequel on distingue quelques pôles, notamment aux alentours de clubs professionnels : Pau-Orthez, Cholet ou Roanne (champion de France en 2007 mais rétrogradé en Pro B depuis 2014).
Le tir sportif
Si tous les sports ne se prêtent pas à l’exercice, d’autres donnent à voir un résultat truculent. C’est le cas pour cette carte de la pratique du tir.
Le golf
La répartition géographique des licences de golf n’échappe pas non plus aux clichés. Une activité qui s’observe surtout dans les métropoles et leurs alentours (les Yvelines par exemple), ou le long des côtes.
Last but not least
Avec 2,3 millions de licences en 2023-2024, le football reste largement le sport le plus populaire en France. La répartition géographique de ses licenciés interpellera cependant. C’est que les choix méthodologiques de cette carte ne sont pas exempts de reproches. L’indicateur représenté - la densité de licenciés - peut varier d’une région à l’autre, d’un espace (urbain / périurbain / rural) à l’autre, en fonction de critères qui n’ont pas nécessairement à voir avec la popularité du sport : accès aux équipements, prix des licences, démographie, …
C’est peut-être un peu ce que raconte cette carte : à savoir que la Bretagne est la région la plus sportive de France. D’après une récente étude de l’Insee, elle compte 178 licences pour 1 000 habitants en 2022, contre 157 au niveau national. Une quantification de l’activité sportive qui a néanmoins quelques limites d’après Augustin Vicard de l’Injep.
En guide de conclusion à ce long billet, une carte représentant le sport le plus populaire pour chaque maille (en prenant en compte les 8 fédérations arrivant le plus souvent en tête d’un hexagone). Bons jeux !